Le dindon by Matthew Eden

Le dindon by Matthew Eden

Auteur:Matthew Eden [Eden, Matthew]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1973-05-10T23:00:00+00:00


CHAPITRE XII

Il entra dans l’aérogare, au milieu du bruit et de l’agitation, circula entre les gens et les bagages, à la recherche du guichet de la Trans-Continental. Il aperçut Mary, assise sur une banquette en plastique rouge, devant le guichet ; elle le regardait et attendait qu’il la repère. Elle leva alors la main et sourit.

— Tu n’as pas traîné, fit-elle remarquer.

— Il n’était pas là. (Il s’assit près d’elle.) Du moins, il n’est pas venu ouvrir.

S’il lui annonçait que Lafrance était mort, tout deviendrait très compliqué. Il ne pouvait pas lui en parler.

— Eh bien, tant pis. Nous allons rentrer et oublier cette histoire. Pour être franche, Adam, ça ne me chagrine pas beaucoup.

— Je ne rentre pas encore.

— Comment ça ? Que vas-tu faire ?

— Attendre jusqu’à ce que je voie Lafrance.

S’il fouinait à droite et à gauche à Montréal, s’il en apprenait le plus possible sur Lafrance, il trouverait peut-être une piste qui le mènerait au responsable de ces trois assassinats.

— Mais nous ne pouvons pas faire ça, Adam. Nous ne savons pas s’il était…

Il secoua la tête :

— Non, Mary. Je veux que tu rentres à Boston.

— Voyons… tu ne vas pas rester ici ; c’est impossible. Comment sais-tu ce qui va se passer ? Si Lafrance est dangereux, il peut arriver n’importe quoi. Je t’en prie, viens avec moi.

— T’inquiète pas pour moi. Lafrance ne me causera aucun ennui. (Bon Dieu ! Il n’avait jamais rien dit de plus vrai. Il se leva et la saisit par les coudes.) Tu vas prendre l’avion tout de suite.

Il la souleva doucement pour la mettre debout.

— Mais tu n’as apporté ni bagages ni vêtements. Comment peux-tu rester ? lança-t-elle comme dernier argument.

— J’achèterai ce dont j’ai besoin. (Le matin, à Boston, elle lui avait prêté un rasoir et donné une des chemises de Keller – dont les manches étaient trop courtes d’un bon centimètre.) Ne t’en fais pas, Mary.

— Est-ce que je te reverrai ?

— Évidemment. (Peut-être.) Bien sûr que tu me reverras.

*

Il quitta l’aérogare et se dirigea vers une file de taxis.

— Monsieur Carlson, lança un homme derrière lui.

Il se retourna. Le gars, d’une allure négligée, portait une moustache qui retombait aux coins de sa bouche. Carlson n’en croyait pas ses yeux.

— Qu’est-ce que vous foutez ici, Longworth ?

— Je fais mon boulot. Pourquoi n’êtes-vous pas rentré à Boston ?

— Je n’en avais pas envie. Et vous, pourquoi n’y retournez-vous pas ? Je ne crois pas que ça plairait aux Canadiens de savoir que vous travaillez chez eux.

— Alors mieux vaut ne rien leur dire, fit Longworth avec un sourire. (Carlson le dévisagea. Pourquoi Longworth était-il à Montréal ? Pourquoi ?) Pendant un moment j’ai cru que Mme Keller n’allait pas partir.

— Vous étiez donc là ?

Ça le contrariait que Longworth l’ait épié à son insu.

— Oui, j’ai tout vu.

— Qu’est-ce que vous voulez, Longworth ?

— Vous parler quelques minutes. (Carlson garda le silence.) Je ne vous plais pas des masses, et je comprends ça. (Il haussa les épaules en souriant.) Évidemment, votre jugement manque de perspicacité, mais je comprends. Et vous n’êtes pas obligé de parler si vous n’en avez pas envie – mais je pense que nous avons un intérêt commun. Nous pourrions peut-être conclure un accord.



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